Bien sûr, nous sommes heureux de nous retrouver, de faire (ou refaire) connaissance: avec nos variétés d'âges, de situations, de chemin spirituel, nous pouvons, aujourd'hui, échanger, nous écouter, nous transmettre mutuellement le meilleur de nous-mêmes, le meilleur de toutes les valeurs que nous avons reçues de nos parents et grands-parents : Profitons de cette chance ! Nous sommes un carrefour de générations : vivons ce dialogue affectueusement.
Pourquoi aimons-nous nous retrouver? Une mode? Nous faisons en effet comme beaucoup de familles en l'an 2000! Un désir de repli sur le cocon familial, où il fait chaud affectivement? C'est une tentation aujourd'hui. Plus profondément je pense que c'est un désir de retour aux sources, un pèlerinage aux sources, désir de retrouver nos repères moraux et spirituels. C'est aussi, pour nous, en cette année de Jubilé 2000, un hommage à nos ancêtres, un grand merci que nous pouvons exprimer ensemble, une action de grâces, une reconnaissance de ce que nous avons reçu et que nous avons à transmettre à notre tour. Ce retour aux sources n'est pas simplement une démarche écologique, mais bien une démarche morale et spirituelle : en fait nos racines sont au ciel, en Dieu : quand nous remontons aux origines, nous trouvons la foi et l'amour de nos ancêtres, et plus concrètement le sacrement de mariage de nos grands-parents communs : notre arbre généalogique ressemble à cet arbre renversé, les feuilles et les fruits sont sur la terre et les racines dans le ciel, dans la maison de Dieu. ( C'est ainsi qu'est présente la généalogie de Jésus en st Luc, chap.3, versets 23-38. Nos ancêtres nous font signe de regarder vers le haut pour retrouver notre identité : Oui, nous sommes fils de Dieu. Un proverbe chinois nous appelle à changer notre regard : Le sage tend le doigt vers le ciel; l'imbécile regarde le doigt ! Oui, ils ont quelque chose à nous dire sur le sens de la vie : qu'ont-ils vécu, Pourquoi ? Que voulaient-ils nous montrer ? Allons donc un peu plus loin ensemble si vous le permettez et posons-nous une question : où est Dieu dans notre famille ? Est-il dans le passé ? Dans les belles années de notre enfance, dans le témoignage de nos parents, dans le mariage, acte fondateur de nos familles ?
Oui, mais si Dieu n'est que dans le passé, il est un Dieu passé, sans rapport avec notre présent, qui ne nous porte qu'à la nostalgie stérile. Est-il dans le présent ? Ici ? Je le crois : même en se cachant, il est là dans notre rassemblement, dans notre amour partagé, dans cette Eucharistie ( que nous avons voulue ) :
par ce fait, nous ne sommes pas simplement des frères, cousins, membres rapportés ou morceaux choisis, selon la chair , mais surtout des frères en Jésus-Christ, faisant partie de la grande famille des chrétiens, ouverts à une famille plus grande que notre propre famille. Notre famille est ainsi en relation avec d'autres familles, avec la famille de l'Eglise universelle : nous ne sommes pas le centre du monde, mais une cellule vivante de ce monde, participant à la vie du monde, à la vie de l'Eglise. J'espère, de plus, que nous vivons le présent avec un but, avec des projets d'avenir : car Dieu est aussi dans l'avenir. Il nous attire, nous devance et nous fait poser des actes audacieux et vivre des aventures risquées : le mariage, le sacerdoce, l'engagement social et humanitaire ne sont-ils pas des aventures risquées qui nous projettent vers l'avenir ? Vivons donc cette confiance et cette ouverture sans lesquelles nous tombons dans le pessimisme, le découragement, la mort... La famille ici présente ( et absente ) nous rappelle que l'amour est un grand fleuve que l'on ne peut arrêter et qui ne passera jamais. Même si notre famille passe ou meurt un jour( que sera-t-elle dans mille ans ? ) , l'amour qu'elle a engendré, avec l'aide de Dieu, restera pour toujours: A nous de le faire fructifier pour le bien de toutes les générations à venir, et de toute la famille de Dieu. AMEN !
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